Localiser pour reconstruire après une catastrophe

Samedi 14 décembre 2024, Mayotte a été dévastée par le cyclone tropical Chido. Un cyclone est un phénomène météorologique qui se forme au-dessus des océans. Quand l’eau des océans est chaude, beaucoup d’évaporation se forme et crée des nuages. En raison d’une force naturelle, nommée Coriolis, le phénomène est amené à tourner sur lui-même jusqu’à former une sorte de tourbillon, le cœur de ce tourbillon est appelé «l’œil du cyclone». Ce mouvement produit des vents très puissants, égaux ou allant au-delà de 117 km/h. Les termes «ouragans» et «typhons» désignent les mêmes évènements, mais dans d’autres zones géographiques. Le premier prend forme dans l’océan Atlantique et l’océan Pacifique nord-est et le second dans l’océan Pacifique nord-ouest. Le cyclone, lui a lieu dans l’océan Indien et le Pacifique Sud.

Après le passage de Chido, le bilan humain est lourd et l’île doit être reconstruite en grande partie. Beaucoup d’habitations, de bâtiments, d’infrastructures, mais aussi les réseaux d’eau et d’électricités ont été détruits par les rafales de vent de plus de 220 km/h. La nature a elle aussi pris un coup, 20% de ce département français est constitué de zones forestières, tout a quasiment été dévasté.

Dans ce genre de situation, l’information géographique tient une place importante. D’abord, pour évaluer précisément les dégâts. Mais peu de temps après la catastrophe, l’usage des systèmes d’information géographique (SIG) était impossible, car il n’y avait ni réseau téléphonique ni Internet. Les images aériennes et satellites offrent ainsi une aide précieuse pendant et après la crise. Le CNES a fourni des images, capturées par les satellites Pléiades, pour évaluer l’impact du cyclone sur le bâti grâce à des cartes de gradation de dommages. Partagées aux équipes d’aide humanitaire, ces cartes les ont aidés à intervenir pour porter secours à la population. En complément, des gendarmes ont aussi mené des relevés à bord d’un hélicoptère équipé d’un Système de cartographie de crise (SC2). À Mayotte, ce support vient guider l’intervention des services de l’État. Il est aussi utilisé pour estimer l’avancement des reconstructions. Enfin, d’autres initiatives citoyennes ont permis de cartographier les points d’intérêts pour aider les populations.

Une application a été mise en place pour définir les zones à parcourir pour évaluer l’état des bâtis. 2.500 bâtis étaient à échantillonner sur l’ensemble de l’île

«Deux semaines après Chido, pour rebâtir les villes et les activités agricoles, les architectes d’urgence ont lancé des diagnostics du bâti pour analyser les dégâts», explique Christophe Agnes, Responsable du service SIG de L’Établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (EPFAM). Ils ont exploité les images satellites et drones, mais ont aussi mené des collectes de données pour faire des évaluations sur le terrain. Pour cela, ils ont été équipés de formulaires numériques, afin de recueillir les informations, même sans connexion à Internet. 

La restauration et la reconstruction de l’île va maintenant se poursuivre pendant des mois, voire des années. S’il est possible de mettre la priorité sur certains bâtiments, comme les écoles, tout ne sera pas reconstruit comme «avant Chido». En effet, Mayotte compte beaucoup de maisons ou de bâtiments construits sans autorisation et ne respectant souvent pas les normes. Illégaux et plus fragiles, ils ne seront pas reconstruits, en tous cas avec l’aide de l’État. 

État des bâtis et zones d’aléas à risque produites par le BRGM