Le nom d’une rue est utile pour se repérer et se rendre à la bonne adresse. La pratique de nommer les rues existe depuis le Moyen Âge. À l’époque peu de personnes savent lire : le nom se devine et se dit. Il peut s’agir d’un emplacement géographique (rue de la rivière), du bâtiment qui s’y trouve (rue de l’église), son importance (grande rue) ou des artisans qui y travaillent (rue des bouchers). Ce n’est qu’au 18ème siècle que les choses s’organisent avec le premier recensement de toutes les dénominations.
Les pouvoirs en place utilisent les noms de rues pour s’affirmer. Après les Rois de France, ce sera aux révolutionnaires puis aux républicains de trancher. À Paris, la place Louis XV deviendra place de la Révolution avant de s’appeler place de la Concorde. Avec les années, les communes s’organisent. Dès 1805, le code des Communes impose le numérotage pour la ville de Paris et l’étend en 1823 à toute la France. Des commissions sont créées dans les villes pour proposer les noms des rues ; par exemple celle de Strasbourg existe depuis 1873. Les noms suivent leurs époques, valorisant d’abord de « grands hommes » (Hugo, Jaurès, Gambetta, Pasteur….). Dans les années 1950, ils deviennent plus consensuels avec des noms de végétaux, d’animaux ou d’artistes avant de célébrer les européens comme Jean Monnet.
Depuis quelques années,la tendance est de valoriser des traditions locales et surtout des femmes, jusqu’ici très absentes des plans.
L’obligation de nommer les voies concerne les communes de plus de 2.000 habitants, mais avec bon sens les petits villages baptisent aussi leurs rues.
Le nom de la rue doit respecter l’ordre public, les bonnes mœurs, la commune et ses habitants. Il doit être définitif. Il faut éviter que deux rues aient un même nom ou trop proche. Il est préférable qu’il soit court pour bien figurer sur les cartes.
Le décret impose aux municipalités de transmettre aux services fiscaux la liste des voies publiques et privées pour établir le cadastre. En France, les adresses sont des « données géographiques souveraines » indispensables pour l’État et ses administrations. Les opérateurs de réseaux (électricité, gaz, eau, assainissement) en ont besoin, comme les services de secours (pompiers, SAMU, gendarmes) ou le facteur qui doit déposer le courrier dans la bonne boîte aux lettres. Aujourd’hui la « Base Adresse Nationale » regroupe plus de 20 millions d’adresses et leurs positions géographiques.